CNLS-IST

Conseil National de Lutte Contre le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles

Durabilité des stratégies de lutte contre le VIH au centre d’un dialogue national à Lomé.

Hôtel saint Paulos a Lomé a abrité les 29 et 30 août dernier un dialogue national axé sur l’évaluation des facteurs de durabilité des stratégies de lutte contre le VIH au Togo. Société civile, partenaires techniques et financiers étaient autour des acteurs étatiques sous la coordination du secrétariat permanent du conseil national de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles.

Elaborer une première ébauche de ce que le Togo souhaite réaliser sur la durabilité à long terme de la riposte au VIH/sida est la raison de la tenue de ce dialogue multilatéral et multisectoriel. Une feuille de route conjointe a sanctionné lesdits travaux. Ce dialogue national a été l’occasion pour tous les acteurs de réfléchir sur les raisons de la mise en place d’une nouvelle approche de la durabilité des stratégies de lutte contre le VIH.

Des ressources domestiques pour soutenir la lancée.

A l’ouverture des travaux, la conseillère en information stratégique de l’ONUSIDA, Dr MABOUDOU Angèle a rappelé la situation mondiale du VIH avec les efforts qui ont été faits en termes de réduction des nouvelles infections et de la mortalité due au sida. Cependant pour elle « les progrès vers l’atteinte des objectifs des 95-95-95 connaissent d’énormes gaps en termes financiers. Ces gaps s’expliquent par la contribution modeste des ressources domestiques et de la diminution des contributions des partenaires bilatéraux. C’est dans cet optique que l’ONUSIDA et l’USAID se sont engagés a accompagné le Togo a élaboré et mettre en œuvre une feuille de route de la durabilité à la riposte au VIH/sida qui va au-delà de la stabilité du financement. »

Ce dialogue national a pris en compte et à aider à anticiper les difficultés qui entravent l’atteinte de l’objectif de santé universelle d’ici 2030 (ODD 3.8) et de mettre fin au Sida comme problème de santé publique à l’horizon 2030. On constate une augmentation du pourcentage de la population mondiale confrontée à des niveaux catastrophiques de dépenses de santé non remboursées, le financement de la lutte contre le VIH est menacé ou qui stagne.

A cela s’ajoute un besoin croissant de traitement à vie des PVVIH. C’est pour faire face à toutes ces menaces, qu’il est urgent d’élaborer des cadres de durabilités.  Ce cadre proposé par l’ONUSIDA est holistique et englobe les dimensions programmatique, politique, structurelle et financière de la durabilité.

Le coordonnateur National Adjoint du SP/CNLS-IST M. AMOUSSOU Damien a l’ouverture des travaux a rappelé que le Togo a souscrit à toutes les initiatives internationales et régionales pour mettre fin à l’épidémie du sida à l’horizon 2030.  Il a rappelé les progrès atteints par le pays notamment les 1er 95 qui est dans l’ordre de 86% , le 2ème 95 qui est à près de 100% et le 3ème 95 qui est 90.4%. Néanmoins selon lui, ces résultats ont été obtenus grâce à l’engagement financier de l’état et du soutien des différents partenaires notamment le Fonds mondial, l’USAID et le SNU et celui des organisations de la société civile. Il a remercié ces différents partenaires ainsi que les acteurs de la société civile et du secteur privé qui participent à la mobilisation des ressources domestiques et la mise en œuvre des interventions VIH. 

La lutte contre le VIH de plus en plus ardue

La durabilité à long terme nécessite entre autres une riposte au VIH dynamique qui permet de maintenir la suppression de la charge virale, en atteignant les objectifs de 95-95-95 et la suppression virale au niveau de la population parmi les personnes vivant avec le VIH, de plus de 86 % dans tous les groupes d’âge et les sexes, ainsi que dans les populations clés. L’analyse comparative des résultats programmatiques et cet objectif de durabilité montre les efforts supplémentaires que le Togo devra consentir pour mettre fin au Sida comme problème de santé publique à l’horizon 2030.

Sur le plan des financements, les ressources domestiques représentent entre 20 et 15% des ressources mobilisées.  En 2023 par exemple, 14.42% des ressources mobilisées et dépensées sont des ressources domestiques. Cela montre une forte dépendance des financements externes. Sur les postes de dépenses, on constate plus de 40% des ressources mobilisées sont utilisées pour les soins et traitement notamment l’achat des ARV et les réactifs. Ceci traduit la mise en œuvre des recommandations de l’étude sur l’allocation d’efficience réalisé avec l’appui de la Banque Mondiale dans le cadre de l’optimisation des investissements dans la riposte du VIH au Togo. L’efficacité de la stratégie de mobilisation des ressources plus particulièrement les financements extérieurs a permis d’obtenir un taux de mobilisation de 99% par rapport au budget prévu pour l’année dans le plan Opérationnel de 2023 (25 447 078 989 FCFA) et de 95% par rapport à l’année 2023 du PSN 2023-2026 (26 427 936 002). 

Le financement des organisations de la société civile constitue également une préoccupation. En effet, les organisations de la société civile intervenant dans la riposte au VIH sont principalement financées par des ressources extérieures. Cependant, des ressources publiques sont utilisées pour financer la plateforme à travers le CNLS. Entre 2021 et 2022 cet appui est passé de 20 millions à 25 millions et maintenu en 2024. Ce qui montre la possibilité de mettre en place des contrats sociaux.

Les grands enjeux.

A l’issue de ce dialogue, les participants ont évoqué la nécessité de faire porter cette feuille de route par les plus hautes autorités de l’état afin de la rendre opérationnelle, d’élaborer une politique de financement de la santé en 2025 qui prenne en compte les aspects de la durabilité des stratégies contre le VIH.  Aussi il faudra que cette feuille de route puisse s’inscrire dans l’action globale de la couverture sanitaire universelle. La société civile quant à elle a rappelé qu’il est important pour le pays de continuer le plaidoyer pour l’annulation de la dette extérieure  en faisant la promotion d’un réinvestissement dans les programmes sociaux notamment la lutte contre le VIH.

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