La stigmatisation et la discrimination, des freins à la lutte contre le VIH. Lutter contre ce virus ne se limite pas seulement à la prise en charge médicale, mais elle va bien au-delà. Au Togo, l’Observatoire des Droits Humains et VIH (ODH & VIH) joue un rôle remarquable dans la protection des droits des Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) et des Populations Clés. Dans son rapport annuel 2024, présenté ce vendredi 7 mars, les chiffres montrent un résultat satisfaisant à la suite des efforts réalisés. Le taux de stigmatisation et de discrimination national passe de 419 cas enregistrés en 2021 à 229 cas en 2024.

Grâce aux actions stratégiques mises en œuvre par l’observatoire sur le territoire national, le nombre de cas de stigmatisation et de discrimination des PVVIH est en diminution progressive au fil des années. Au cours de ces dernières années, selon le rapport de l’ODH, le nombre passe de 419 cas en 2021 à 229 cas en 2024, soit une diminution de 45%. Le Grand-Lomé vient en tête des cas récoltés avec 41%. Avec respectivement 17% et 13%, les Régions des Plateaux et de la Maritime arrivent en deuxième et troisième position. Selon les données, les PVVIH sont logiquement les plus touchées par les actes de stigmatisation/discrimination avec 71%. Parmi les Populations Clés, les professionnelles de sexe sont plus touchées que les HSH avec 15% contre 12%.
Ces comportements indécents sont plus légion dans certains milieux que d’autres. C’est le cas du milieu familial et social où la confidentialité des PVVIH n’est pas souvent protégée du fait de l’ignorance et de la peur. Cette année, un peu plus de 7 victimes sur 10 sont stigmatisées dans ce milieu, selon le rapport ODH 2024. Cette baisse de chiffres émane des actions de sensibilisation effectuées par les bénévoles à l’endroit des professionnels de santé dans les formations sanitaires, des personnes ressources comme les leaders religieux et communautaires, les responsables des chambres de métiers les forces de l’ordre et de sécurité et les agents du corps judiciaire
Dans le rapport publié ce 7 mars, les violences basées sur le genre restent un autre défi à relever. Malgré les avancements, les femmes restent les principales et c’est les violences psychologiques qui arrivent en tête 55% et sont rapportées à 100% des victimes. Ces violences psychologiques sont associées automatiquement des autres formes de violences dans lesquelles on note les violences économiques et sexuelles respectivement de 4% et de 3%.
Pour favoriser la prise de conscience de tous les acteurs et lutter contre les violences des droits, l’ODH à sensibiliser 60 629 personnes. Au total 150 personnes ressources ont été formés sur la situation de la stigmatisation et de la discrimination. L’ODH a aussi formé 103 prestataires de santé issus de 5 informations sanitaires sur la protection du secret médical la confidentialité en matière du VIH et la prise en charge des cas de stigmatisation et sur la contribution d’informations sanitaires à la lutte contre ce fléau. Également 12 émissions radiophoniques et 2 émissions télé ont été réalisées pour sensibiliser et informer les populations sur l’auto stigmatisation, l’estime de soi, les dispositions légales de lutte contre la stigmatisation la discrimination et les VBG.
Cérémonie officielle
La présentation du rapport national 2024 de l’observatoire des droits humains ODH a eu lieu dans le cadre de la célébration de la journée mondiale zéro discrimination célébrée chaque 1er mars dont le thème cette année est : « NOUS SOMMES SOLIDAIRES ».
Dr DIALLO Yayé Kanny, directrice pays de l’ONUSIDA est revenue sur le thème de la journée, « Nous sommes solidaires ». Selon elle, ceci « résonne profondément avec notre engagement collectif à bâtir une société plus inclusive, où chacun peut vivre librement, sans peur de stigmatisation ni discrimination. La solidarité est une force. Elle est le fondement de notre réponse au VIH et la promotion des droits humains. » Dr DIALLO a invité les participants à écouter les personnes concernées. « Leur expérience et leur résilience doivent guider notre action. Nous devons être solidaires non seulement en paroles, mais aussi en actes. Cela signifie de réduire la stigmatisation en sensibilisant nos communautés, de renforcer l’accès à la justice pour les personnes vivant avec le VIH et les populations clés, d’assurer une couverture sanitaire universelle qui intègre pleinement la prise en charge du VIH, de promouvoir un environnement légal et social protecteur, où chacun peut vivre avec dignité. »
Le coordonnateur national du secrétariat permanent du conseil national de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles SP/CNLS-IST Professeur Palokinam PITCHE a, quant à lui, rappelé toute l’importance que revêt ce rapport qui permettra aux acteurs de lutte contre le VIH au Togo de prendre les résolutions adéquates en vue de protéger davantage les PVVIH au Togo.



M. KANTCHE Yokbey chef division action pédagogique au ministère des droits de l’homme a dirigé la cérémonie au nom de son ministre. Celui-ci a invité les participants à s’engager à faire de la tolérance, de l’empathie et de la solidarité, les piliers de notre monde. Car un monde sans discrimination est un monde où chacun a la possibilité d’être pleinement lui-même.
